Jules Sonnet
Une fourmi parmi les éléphants : récit d’un enfant dyslexique, dysorthographique et précoce.
« Je suis un enfant de 10 ans dyslexique et dysorthographique avec un haut potentiel intellectuel. Ce livre raconte mon parcours du CP au CM2 avec toutes les difficultés à vivre avec ces troubles puis la rencontre avec une maîtresse qui m’a soutenu à un moment où j’étais perdu. C’est une histoire sur la différence… pour comprendre comment les mots peuvent blesser ou sauver, comment quelques astuces peuvent nous aider. RIEN n’est perdu c’est juste mal parti ! »
Bonjour Jules en tant que #TalentsEdilivre, pouvez-vous, pour commencer, nous résumer l’histoire d’Une fourmi parmi les éléphants ?
Bonjour je m’appelle Jules et j’ai onze ans. J’ai écrit un livre qui s’appelle « Une fourmi parmi les éléphants » car c’est ainsi que je me sens. Perdu dans la cour parmi les enfants qui sont, quant à eux, si à l’aise. Je voulais que les adultes et enseignants comprennent ce que sont les troubles DYS car beaucoup d’entre eux parlent en notre nom, mais ne sont pas dys eux-mêmes. Je voulais surtout apporter un témoignage pour que les enfants dans mon cas se sentent moins seuls et partager mon expérience sur ce qui a pu marcher ou pas comme technique pour apprendre à lire et à écrire.
Pour vous, quel a été le plus dur lors de ce processus d’écriture ?
Le processus d’écriture s’est fait ainsi : Comme pour mes devoirs, je dicte à maman qui écrit pour moi sans en changer le sens ou le texte. Quelques personnes m’ont dit : « tu aurais pu te passer de ta maman ». Pour un texte court oui mais pour ce récit, il faut comprendre que quand on est « dys » on écrit par forcément le bon son, même avec un ordinateur. Il faut donc retrouver le bon mot, c’est fatiguant. Au-delà de la technique d’écriture le plus dur a été de se rappeler les moments très difficiles (CP, CE1…) avec ce qu’un professeur m’a fait subir. On a beaucoup pleuré, mais on a aussi vu le chemin s’éclaircir.
La dernière phrase de votre résumé est la suivante : « RIEN n’est perdu c’est juste mal parti !». Pourtant, votre livre est plutôt bien parti, c’est un véritable succès. Comment vous sentez-vous face à ce dernier ?
La dernière phrase du livre est un encouragement pour les enfants comme moi. C’est vrai que le début : c’est vraiment mal parti et difficile à vivre pour nous. L’incompétence des maîtres parfois, l’incompréhension, le rejet des autres enfants. Cette différence nous isole. Puis, j’ai fait une rencontre: ma maîtresse de cm1. Grâce à elle, l’espoir renaît et cette phrase qu’elle m’a dite le premier jour de classe : « C’est pas grave jules ». Ce petit mot m’a remis dans la vie. Bien sûr, au niveau des ventes, je suis ravi car cela prouve bien que ce livre touche beaucoup de personnes.
Quelle promotion avez-vous mis en place afin de lancer votre ouvrage ?
J’ai juste fait une page Facebook où je raconte l’aventure du livre et mes journées à l’école. J’ai également eu un article dans la presse qui a beaucoup été partagé ainsi qu’un discours à la journée des dys qui a été vu 12 000 fois !
Pourquoi avoir choisi Edilivre pour ce titre ?
Edilivre est la seule maison d’édition qui a bien voulu éditer mon livre !
En tant que « dyslexique et dysorthographique avec un haut potentiel intellectuel » quelle a été l’épreuve la plus difficile et comment avez-vous réussi à la surmonter ?
Le plus difficile en étant dys à haut potentiel, c’est le mélange dans la tête : avec la difficulté à lire, à écrire et le cerveau qui fonctionne trop vite, qui enregistre tout. C’est ce décalage avec les enfants et le regard étonné des adultes quand je leur parle… Ce sentiment de n’être nulle part à ma place. Je n’ai pas encore réussi à trouver une solution… Peut-être en grandissant ça se ressentira moins. Enfin, l’étape que je n’ai pas réussi à franchir est d’avoir une réponse de Monsieur Macron à mon courrier concernant le droit des enfants dys !
Et ce succès, que vous a-t-il apporté quant à votre différence ?
Je ne le vis pas comme un succès mais je suis satisfait d’avoir mis des mots sur un handicap qui touche beaucoup de gens. Rien n’a changé dans ma vie.
Vous êtes donc entré en 6ème cette année. L’entrée au collègue a été une étape importante et stressante pour beaucoup d’entre nous. Comment s’est passée la rentrée ?
L’entrée en 6ème a été très stressante mais paradoxalement je m’y sens bien. J’ai un peu plus d’amis et les cours sont plus intéressants. J’ai l’impression que nos différences sont de plus en plus prises en compte. Nous ne sommes plus noyés dans la masse, on peut passer inaperçus.
Vous êtes un jeune homme courageux et très inspirant. À la fin de votre livre vous remercier votre famille, votre maîtresse et le reste de votre entourage. Ce soutien semble très cher à votre cœur. Tout cet amour, vous rend plus fort… comme un éléphant ?
Oui, ce livre est dédicacé à ma famille et à ma maîtresse. Elle a voulu changer de prénom pour ne pas être reconnu. Moi je trouvais ça dommage car c’est grâce à elle que je vais mieux sur le plan scolaire. Elle m’a redonné foi en l’adulte, en l’école et au respect de moi-même en me forçant à me dépasser : toujours avec sourire et bienveillance. Et, à mes parents, à mes soeurs car ce n’est déjà pas facile un enfant « normal » mais un multi dys à haut potentiel qui parle tout le temps, qui pose toujours des questions, qui est déprimé, stressé et déscolarisé, et qui en plus n’arrive pas à lire et à écrire encore plus. J’ai bien conscience qu’il leur a fallu beaucoup d’amour et de patience pour me supporter.
Disons pas comme un éléphant mais plus léger… comme un papillon
Auteur à seulement 10 ans, c’est incroyable ! Peut-on s’attendre à un nouvel ouvrage prochainement ?
Oui ! J’écrire la suite de la fourmi qui sera sur le relationnel, les évolutions, les rencontres… Une sorte de bande de fourmis au milieu des éléphants.
Aussi peut-être plus de questions existentielles sur notre avenir car un enfant dys sera un adulte dys et cela m’inquiète quand même.
Une fourmi parmi les éléphants Jules Sonnet