Général François Lecointre
Entre guerres
Edition : Gallimard
Général, ancien chef d’état-major des armées, François Lecointre est grand chancelier de la Légion d’honneur.
Une parole rare. Lessoldats qui écrivent peinent à restituer la complexité des combats. Les écrivains qui n’ont pas connu la guerre peinent à rendre compte de cette expérience. Le général Lecointre décrit, en écrivain, ce que François Sureau nomme « le sentiment de la guerre » ; avant, pendant, après.
Entré dans la carrière des armes dans le prolongement d’une lignée familiale, le général François Lecointre raconte la naissance d’une vocation militaire puis une vie de jeune officier dans une époque qui a cru la guerre définitivement rangée au magasin des archaïsmes. Il relate le quotidien d’hommes qui, de l’effondrement du mur de Berlin au retour des conflits ouverts en Europe, ont continué à aller défendre leur pays au loin. Et l’incompréhension ou l’indifférence de l’opinion publique, la difficulté de définir le sens de l’engagement, le décalage entre les visions et illusions géopolitiques et l’action au plus près du réel. Il raconte la peur, le combat, la fraternité. Il dit tout ce qui, dans cet entre-guerre où on les ignore, constitue l’univers pérenne des soldats.
« C’est à leur contact, en me découvrant si semblable à eux, mes soldats, que je commençai à saisir ce qu’était notre vocation. Contrairement à ce que j’avais cru jusque-là, ça n’était en rien une question d’héritage. Mais, plus simplement, la quête rendue nécessaire par l’inconfort de l’incertitude de soi. Plus on est inquiet de soi-même, plus on cherche profond. Jusqu’à défier sa propre violence, sa propre animalité pour s’efforcer de les maîtriser.
Il n’y a d’assuré que ce qui a été rendu certain par le dépassement d’une épreuve. »
Le récit intime et éclairé d’une vocation et d’un engagement. C’est dans la brièveté de l’instant de la décision et la solitude essentielle du soldat que se joue son métier – et par-delà, le métier de vivre.
Photo: Francesca Mantovani – Éditions Gallimard.