François-Henri Désérable
Chagrin d’un chant inachevé
Edition : Gallimard
Né en 1987, François-Henri Désérable est l’auteur notamment de Mon maître et mon vainqueur, qui a reçu le Grand prix du roman de l’Académie française. Après L’Usure d’un monde, où il racontait sa traversée de l’Iran, Chagrin d’un chant inachevé est son deuxième récit de voyage.
Le 29 décembre 1951, Ernesto Guevara, vingt-trois ans, et son ami Alberto Granado, vingt-neuf ans, partent pour un long voyage à travers l’Amérique latine, sur une moto baptisée La Poderosa (La Vigoureuse, mais elle les lâchera dans les Andes). Huit mille kilomètres d’aventures et de découvertes. C’est ce périple que François-Henri Désérable a décidé de suivre, de Buenos Aires à Caracas. Cinq mois à moto, en stop, en bateau, d’abord avec un ami puis seul. Le voyage légendaire du Che fournit un cadre lumineux à ce texte, souvent amusant, brillant et joueur. Plein de fantaisie et d’espièglerie, non sans considérations parfois nettement plus graves sur la vie et le voyage, l’auteur y multiplie les trouvailles stylistiques, les notations décalées, les observations inattendues qui font de ce récit un régal de lecture.
« Cet automne-là, les taux d’intérêt étaient en baisse, l’immobilier en hausse, ma famille, mes amis s’inquiétaient : est-ce qu’il n’était pas temps que j’investisse dans la pierre ? Avec un peu de chance et un banquier indulgent, je pouvais peut-être m’endetter sur trente ans (mon âge à l’époque). Je n’en avais ni les moyens ni l’envie. Signant un acte de vente, j’aurais eu la sensation de signer mon propre registre d’écrou – et de voir ma liberté circonscrite à quelques mètres carrés. Et puis un appartement, ça se meuble ; aux meubles, il faudrait toujours préférer son sac de voyage.»