Caroline Poiron est journaliste-photographe à France 2. Elle a publié Attentat Express au Seuil en 2013. Elle vit désormais en Loire-Atlantique, au bord de la mer.
Caroline Poiron et Gilles Jacquier sont journalistes de guerre. Ils s’aiment. Ils viennent d’avoir des filles jumelles. Le 11 janvier 2012, ils sont à Homs, en Syrie. Ils ne se quittent pas des yeux. Un moment, Gilles s’absente. Il est tué à la dérobée. Assassiné. C’est une mort illégitime.
Début d’une autre guerre, intime cette fois. Caroline sombre dans la dépression, se relève, s’occupe de ses enfants. Elle habite le quartier de la Bastille à Paris quand ont lieu les attentats contre Charlie puis le Bataclan. Les crépitements des kalaches la rattrapent sous sa fenêtre. Caroline est atteinte du syndrome post-traumatique. Elle devient alors une autre : Jeanne, le pseudonyme qu’elle utilisait comme signature pour ses photos de guerre. C’est aussi le prénom de sa grand-mère, une femme qui connut les temps noirs de l’Occupation et dansa à la Libération. Ce livre est un témoignage au souffle inouï, où le réel est transfiguré par la spiritualité, le récit du triomphe de la lumière contre le royaume des ombres.
«Je suis “Jeanne”… Je souhaite changer d’identité. Je ne veux plus être celle qui souffre. Jeanne est mon patronyme de souffrance, le nom obligé de ma crise. Je suis Jeanne parce que Caroline était une femme heureuse.
« Cinq ans que mon mari est mort dans mes bras. Cinq ans que mes bras ne le lâchent pas. Je suis Jeanne, oui. Je suis perdue. Je me rattache à la vie en écrivant ces pages. »
La photo est de Patrick Robert