«Tout ce que la France réunissait d’élégance, sauvegardait d’art, de légèreté et d’esprit se résumait en Jean d’Ormesson. On l’aimait parce qu’il illustrait le Français éternel, tel qu’il a été et ne sera plus après lui : léger et profond comme Voltaire, amusant et primesautier comme Sacha Guitry, ayant gardé du XVIIIe siècle le goût des sciences humaines et du romantisme les grands envols de l’imagination. On l’aimait parce qu’il représentait toutes les qualités qui ont constitué un pays exceptionnel qui a su allier l’élégance de la pensée, la légèreté amusante, l’humour et la tolérance. Il avait aussi réussi cette gageure de réunir dans sa personne les anciens parfums fanés de l’aristocratie et la méritocratie républicaine.
Jean aimait les plaisirs de la société qui apportent à l’existence son raffinement, ses saveurs, l’élégance des jolies femmes et gomment un peu de la brutalité de la bête humaine.
La littérature était son pays, elle était sa religion, elle était sa passion. Il n’a jamais vécu que pour elle, par elle. Il la vivait, il la respirait en tout.
Que ce soit dans l’amour ou dans l’amitié, marchant au soleil dans les chemins corses ou sur des skis à Val-d’Isère, la littérature, les mots, les vers étaient omniprésents. Ils affleuraient naturellement à sa bouche. Notre amitié est née de cette merveilleuse intoxication réciproque. Ensemble, nos personnes comptaient peu. Nous étions ailleurs, dans un autre monde où désormais je serai seul. »
« Quand on m’a demandé d’écrire ce Dictionnaire amoureux, j’ai d’abord hésité. J’avais déjà beaucoup écrit sur lui. Non seulement des articles mais des souvenirs. Très vite pourtant ce projet s’est imposé à moi. Je me suis dit que ce livre serait une façon de poursuivre un dialogue, une communion quasiment journalière, interrompue par la mort, mais que je poursuivais dans mon for intérieur. »
Jean-Marie Rouart
Jean-Marie Rouart
Jean-Marie Rouart est né à Neuilly-sur-Seine, le 8 avril 1943, dans une famille d’artistes peintres. Il est l’arrière-petit-fils des peintres Henri Rouart et Henry Lerolle.
Écrivain et journaliste, il a publié son premier roman La Fuite en Pologne en 1974. Viennent ensuite La Blessure de Georges Aslo en 1975, Les Feux du pouvoir, prix Interallié en 1977. Après Le Mythomane, en 1980, il obtient le prix Renaudot avec son roman Avant-guerre, en 1983. Il publiera ensuite successivement six romans : Le Cavalier blessé en 1987, une fresque historique à l’époque du Premier Empire, La Femme de proie en 1989, Le Voleur de jeunesse en 1990, Le Goût du malheur en 1993, et L’Invention de l’amour en 1997. Il est également l’auteur de plusieurs essais : Ils ont choisi la nuit, prix de l’Essai de l’Académie française en 1985, consacré à des écrivains qui se sont suicidés, Omar, la construction d’un coupable, en 1994, radiographie du système judiciaire qui a abouti à la condamnation d’Omar Raddad. Il est l’auteur d’une biographie consacrée au duc de Morny : Morny, un voluptueux au pouvoir, en 1995, et d’un essai littéraire sur le thème du succès et de l’échec : La Noblesse des vaincus, en 1998. Il a obtenu le prix Prince Pierre de Monaco pour l’ensemble de son œuvre.
Parallèlement à son activité d’écrivain, il a mené une carrière de journaliste d’abord au Magazine littéraire en 1967, puis au Figaro comme journaliste politique, au Quotidien de Paris où il a dirigé les pages littéraires. Après avoir été directeur du Figaro littéraire de 1986 à 2003, il collabore à Paris Match.
Il a été élu à l’Académie française, le 18 décembre 1997, au fauteuil de Georges Duby (26e fauteuil).